Dernière maj le 25/05/2004

L'état s'offre une campagne publicitaire pour économiser l'énergie, mais le commerce ne se sent pas concerné.


Selon l'Ademe les Français "n'ont qu'une idée confuse" de l'effet de serre et du changement climatique. C'est pourquoi l'agence lance une nouvelle campagne de sensibilisation aux économies d'énergie qui débute le 23 mai sur les petits écrans, avec comme slogan "Economies d'énergie, faisons vite, ça chauffe". Le message que souhaite faire passer l'Ademe est celui de la responsabilisation de chacun en rappelant que "nos comportements quotidiens (déplacements, chauffage, climatisation, éclairage…) sont responsables de 50% des émissions de gaz à effet de serre".

Cette campagne est fort louable au demeurant car effectivement "ça chauffe" et que chacun, sensibilisé par la mortelle canicule de l'été dernier, est plus à même, aujourd'hui de consentir un effort pour diminuer sa consommation et à accepter les conseils pour y parvenir. Elle ne doit cependant pas servir d'alibi aux pouvoirs publics pour se dédouaner de leur immobilisme, car il faut bien le dire l'Etat, qui devrait être exemplaire sur ce sujet, manque d'audace et d'ambition devant l'urgence du désastre qui nous menace. Peu ou pas de décisions ou de contraintes en matière d'industrie, d'agriculture, de transports et d'énergie.

Aucune mesure incitative ou mécanisme favorisant un décollage rapide des énergies renouvelables n'a, jusqu'à présent, été mis en place et les experts mettent en doute la possibilité de la France d´atteindre 21% d´électricité produite par les énergies renouvelables en 2010, objectif que lui fixe pourtant une directive européenne.

Pour ce qui est des transports, le ferroutage ne fait aucun progrès, la SNCF réduit même son secteur "marchandises" qui serait déficitaire. Pas question non plus de toucher au lobby des transporteurs routiers. Par ailleurs, le gouvernement vient de réduire le financement des plans de déplacements urbains mis en place dans les grandes agglomérations pour réduire le trafic automobile.

Concernant l'industrie, il faut constater que le plan national d'allocations de quotas d'émissions de gaz à effet de serre (PNAQ) n'a toujours pas été transmis à Bruxelles. A tel point que la commissaire européenne à l'Environnement menace de poursuivre la France ainsi que cinq autres pays membres en justice pour non respect des délais fixés par la commission. On peut craindre, devant ces hésitations et les pressions exercées par la grande industrie, que ce plan ne soit pas non plus à la hauteur des enjeux.

Mais, pendant qu'on demande, a juste titre, à la "France d'en bas" de changer ses habitudes, on apprend, notamment, que le constructeur automobile Renault commercialisera en Europe un tout-terrain (4X4) fabriqué conjointement en Corée du sud avec sa filiale Samsung Motors. La production de ce nouveau véhicule à double effet de serre atteindra 100.000 unités par an dont 50 % seront destinés au marché Européen. On apprend également que le groupe d'outillage à main Facom, bien connu des bricoleurs pour la qualité de son matériel, a décidé de fermer son site de Villeneuve-le-Roi pour délocaliser la fabrication française à Taïwan. Outre les suppression d'emplois que cette décision génère dans notre pays, nous devrons utiliser, désormais, des clés plates et des pinces qui auront beaucoup voyagé.

Ces deux exemples récents ne sont pas hélas l'exception et montrent bien que la seule préoccupation de l'industrie mondiale reste, avant tout, la recherche de la rentabilité maximum quelles qu'en soient les conséquences sur l'effet de serre ou sur l'emploi.

La lutte contre la logique de cette économie destructrice est sûrement le grand défi du développement durable, mais cela le monde politique n'est pas encore prêt à l'assumer. Nous sommes à des lustres de la relocalisation indispensable à la durabilité de l'espèce humaine sur notre petite terre.


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