A la une du monde 31/03/04

Vers la pétro-apocalypse

Par Yves Cochet (député vert de Paris et ancien ministre de l'aménagement du territoire et de l'environnement

L'article commence par un constat. "Dans quelques années, la production mondiale de pétrole conventionnel déclinera tandis que la demande mondiale ne cesse de croître." Nous allons donc vers un choc inévitable résultant de "cette famine pétrolière structurelle"

Il s'appuie sur la méthode du géologue américain King Hubbert, "qui avait prédit en 1956 le pic de la production pétrolière domestique aux Etats-Unis pour 1970. Ce qui fut exactement observé." Aujourd'hui, tous les champs pétrolifères important ont atteint leur pic d'Hubbert et partout la production de pétrole décroit sauf au Moyen Orient où il estime que le pic d'hubbert devrait être atteint "autour de 2010, selon la reprise plus ou moins tardive de la production Irakienne et le taux de croissance de la demande chinoise."

Selon Yves Cochet, les secteurs "les premiers touchés par la hausse continue des cours du pétrole brut seront d'abord l'aviation et l'agriculture productiviste". A cause de la hausse du Kérosène, des fertilisants azotés et que du gazole tous directement liés au cours du pétrole brut. La mondialisation du commerce sera donc directement touchée et nous ferions mieux rapidement de relocaliser la production.

S'ensuivront immédiatement des impacts pour les secteurs, "des transports terrestres, du tourisme, de la pétrochimie et de l'industrie automobile".

Il cite ensuite Michael Meacher, ancien ministre de l'environnement du Royaume-Uni (1997-2003), qui a écrit dans le Financial Time "qu'à défaut d'une prise de conscience générale et de décisions planétaires immédiates de changements radicaux en matière d'énergie, "la civilisation affrontera le plus aigu et sans doute le plus violent bouleversement de l'histoire récente".

Pour "maintenir un peu d'humanité à la vie sur Terre dans les années 2010", il préconise que les nations unies s'entendent pour garantir au pays pauvre le droit "d'importer encore un peu de pétrole". sans doute car ceux-ci n'auront pas les moyens de développer des alternatives (NDLR : Et si nous les aidions à se doter de ses moyens) pour interdire "de tirer profit de la pénurie pétrolière" (NDLR : Que sont partis faire les Etats-Unis en IRAK?) Pour inciter aux énonomies d'énergie et stimuler les énergies renouvelables (NDLR 200% d'accord avec lui).

Il propose ensuite une méthode de calcul pour aider à l'atteinte de ces objectifs au niveau mondial.

Bien évidemment cette idée ne conviendra pas aux économistes de croissance traditionnel et aux "Politiques, notamment américains". Le mode de vie des américains n'étant pas négociables comme n'a cessé de le rappeler Georges Bush. Yves Cochet nous rappelle d'ailleurs que touts les interventions américaines depuis le premier choc pétrolier de 1973-1974, "peuvent être analysées à la lumière de la crainte du manque de pétrole bon marché."...l'armement de Saddam Hussein pour guerroyer en Iran,...la complicité acquise du roi Fahd en Arabie saoudite pour augmenter les exportations de brut vers l'occident.... jusqu'aux guerres d'Irak (1991, 2003)...La géopolitique du pétrole autorise tous les pactes avec les diables islamistes, de l'Asie centrale jusqu'en Bosnie, toutes les connivences cyniques avec les terroristes... L'actuel projet américain de Grand Moyen-Orient, habillé de considérations humanitaires et démocratiques, n'est rien d'autre que la tentative de poser définitivement la main sur tous les robinets pétroliers de la région.

Il précise également, et c'est pour moi l'un des coeurs du problème, que l'homme a la mémoire courte."Plus de trente ans de souci pétrolier n'ont pas dessillé les yeux des dirigeants américains et européens sur la crise énergétique qui se profile à court terme. ...les gouvernements des pays industrialisés ont continué et continuent à croire au pétrole bon marché quasi inépuisable - au détriment du climat et de la santé humaine, détraqués par les émissions de gaz à effet de serre - plutôt que d'organiser la décarbonisation de leurs économies"

Nous n'avons plus le temps d'attendre, y compris les américains qui "malgré leur armée et leur technologie" ne pourront rien "contre la déplétion prochaine du pétrole conventionnel."

Il conclut que Nous devons tous sans attendre un "délicat accord international", organiser "la décroissance pétrolière." Sinon nous nous exposons a une brutale hausse des prix du pétrole, qui aura des impacts énormes si nous n'y sommes pas préparés. "Ce ne sera pas un simple choc pétrolier, ce sera la fin du monde tel que nous le connaissons."

Retour a l'accueil du site