L'écologie de Marché

Par Paul Hawken Editions Le souffle d'or (Octobre 1995).

Le livre de Paul Hawken a été écrit en 1995. C'est un brillant plaidoyer pour l'invention d'une nouvelle économie. Une économie réparatrice. Le livre débute sur un constat : toute l'économie actuelle est basée sur l'energie fossile qui est fondamentalement non durable.

"Pour ce qui est de l'énergie, on continue à miser sur le mauvais cheval : Les combustibles fossiles. En fait, ce n'est pas nous, mais ces gens qui contrôlent les mouvements de capitaux et qui ont des montagnes d'actions dans le charbon, le pétrole et le gaz. Ils sont prêts à tout : mentir, payer des pots de vin, fausser les cartes et tricher dans la compétition pour nous faire croire que leur cheval, le cheval des riches, gagnera toujours. Le lobby des non-renouvelables a dans sa manche des sénateurs, de hauts administrateurs, des fondations, la télévision, des économistes, des journaux et l'appui des plus grosses fortunes des Etats-Unis, il peut ainsi assurer sa claque et sa victoire..... Pour favoriser l'utilisation de l'énergie fossile, on en cache le prix réél et on le maintient artificiellement bas. Mauvais choix "

Il constate que par ailleurs, le fait d'avoir maintenu le prix du pétrole artificiellement bas a nuit au développement des énergies renouvelables.

"En étouffant les prix, nous avons peut-être ralenti l'invention, l'innovation et la création d'emploi, tout en renforçant les grandes compagnies, en favorisant les concentrations de richesse et la privation de liberté du petit bonhomme. Parceque les prix et les coûts sont séparés sur le marché, les entreprises les plus efficaces, au regard de l'écologie, ne peuvent pas lutter avec leurs concurrentes."

Il souligne que les entreprises en se regroupant sont devenues des puissances supranationales au dessus des états

"Si le monde des affaires croit en un rythme de 2 ou 3 %, le nombre de multinationales se développent à un rythme de 8 à 10 %. Pendant que le PNB des grands pays industriels continue à augmenter, les multinationales se développent à un tel rythme qu'elles ressemblent, tout au moyen pour leur pouvoir économique et politique, à des nations séparées qui n'ont pas de frontières…....Dans la mesure où le capital financier est le cœur même du capitalisme, la disparition des limites géographiques signifient que le contrôle des flux de capitaux a émigré des états-nations vers des systèmes organisés par les multinationales. Ce phénomène incite à la concentration, la coagulation jusqu'à atteindre des "giga-entreprises". Les différences nationales n'entrent plus dans le domaine des facteurs compétitifs."

Il dénonce la modialisation du commerce qui "réduit les actes de commerce, qui ont toujours eu un impact significatif sur la vie sauvage et la vie humaine, à de simples questions monétaires, à des virgules, à des chiffres et à des profits immédiats."

Il prone une autre forme de croissance respectueuse de son environnement "Ce qu'il nous faut c'est une autre forme de croissance qui réduise l'utilisation de matières premières et d'énergie et, simultanément qui élimine ses déchets... La nation pourra se targuer d'un succès écologique quand nous aurons éliminé une grande partie, si ce n'est la totalité, des substances toxiques."

Il souligne que la recherche d'économie d'énergie n' que des vertus "Aux Etats-Unis, nous avons la capacité technologique de réduire de 80 % notre consommation en énergie. Grâce à des voitures qui consomment peu, la réintroduction d'autres modes de transport, des systèmes de chauffage et de climatisation extrêmement efficaces, grâce à l'isolation et de nouvelles technologies d'éclairage, le pays peut, non seulement regagner son indépendance énergétique, mais aussi créer des centaines de milliers d'emplois, beaucoup plus que n'en ferait perdre la réduction des importations de pétrole..."

Il explique enfin ce qu'est une entreprise durable selon lui

"Les entreprises durables :

  • utilisent les produits fabriqués localement ou régionalement de préférence aux produits nationaux ou internationaux;
  • assument la respondabilité de leur impact sur le monde naturel;
  • n'ont pas besoin de capitaux externes pour se développer;
  • utilisent des méthodes de production intrinsèquement satisfaisantes, humaines, dignes et de qualités;
  • créent des objets durables et des services à long terme qui après leur dernière utilisation ne s'avéreront pas nuisibles pour les générations futures;
  • transforment, par l'éducation, les consommateurs en clients responsables."
  • Enfin, il arrive à l'outil qui pourrait permettre la mutation vers une économie réparatrice, à savoir mettre en place des écotaxes "L'un des moyens pour atteindre ce but est d'inverser les vieilles valeurs et le rapport entre les coûts et les prix. Il faut un marché prévisible et consistant qui reconnaisse les vrais coûts du commerce et les réintroduise à leur vrai place : sur le marché. Il nous faut une économie de marché qui récompense et qui intègre le mieux les coûts externes, un économie où l'entreprise prospère quand elle assume sa responsabilité tant sociale qu'environnementale. Nous avons besoin d'entreprises qui devancent les lois plutôt que de les défier ou de les contourner......La fonction principale des Ecotaxes n'est pas d'apporter un revenu providentiel au gouvernement mais d'informer le marché sur les coûts réels. Elles jouent les deux rôles, bien sûr, mais leur vraie raison d'être est de réguler les distorsions produites par la course au prix le plus bas et de révéler à l'acheteur le vrai prix des produits. Ces écotaxes pourraient créer, peut-être pour la première fois depuis l'avènement de l'ère industrielle, ce qui ressemble le plus à un vrai marché libre."

    Il pourfend enfin les capitaines d'industrie qui attendent d'obtenir des preuves irréfutables de leur nuisibilité sur l'environnement pour réagir : "L'opinion dominante dans l'industrie et parmi les économistes est que nous n'en savons pas assez sur les dangers potentiels qui nous attendent pour effectuer un changement global de notre système économique. Il vaut mieux laisser les choses en l'état et poursuivre les recherches, est la réponse habituelle de nos dirigeants......Ce qu'il vaut mieux laisser de côté, c'est l'offensive globale sur la nature et les systèmes vivants."

    Ce livre pose toute les bases d'une économie réparatice. Le constat, neuf années après sa parution, est que ces idées prennent corps très lentement dans nos classes dirigeantes.

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