Dernière maj le 03/07/2004

PNAQ : les industriels français peuvent polluer sans contraintes.


Sur les problèmes relatifs à l'environnement, la France manque de cohérence et pratique l'art du double langage.

D'un côté notre pays apparaît en pointe pour combattre les effets de la pollution. Le Président de la République fait des effets de manches et donne la leçon dans les conférences internationales sur le sujet, Il fait, aussi, entrer dans la constitution une charte de l'environnement qui, même amoindrie par rapport au projet initial, constitue une avancée positive.

D'un autre côté, la France fait figure de mauvais élève de l'Europe. Elle vient de publier avec plusieurs mois de retard son projet de Plan national d'allocation de quotas de gaz carbonique (PNAQ). Ce plan doit, en principe, mettre la France en conformité avec la législation européenne d'application du protocole de Kyoto dans le cadre de la lutte contre le changement climatique. En net recul par rapport aux recommandations européennes, le plan français, très favorable aux industriels, ne plafonne les rejets entre 2005 et 2007 que de 659 usines des branches en cause. L’application que Bruxelles attendait portait ce chiffre à 1.100 au minimum et de précédents calculs du ministère estimaient à 1.530 le nombre d´installations industrielles susceptibles de participer au marché de permis d´émissions.

De plus, le PNAQ français prévoit d´allouer 126,3 Mt de CO2 aux industriels et énergéticiens français. Ce qui dépasse de loin leurs besoins exprimés. D’autant qu’avec un quota d´émissions très élevé, le coût de la tonne de CO2 est mécaniquement réduit à son minimum. Les industriels qui auront besoin d´acheter des surplus d´émissions pourront le faire sans alourdir leur compte d´exploitation.

Seul le Medef se réjouit, tandis que de nombreux mouvements écologistes le jugent encore trop "laxiste" pour espérer de quelconques réductions de GES.

A ce rythme là, le réchauffement climatique est garanti à brève échéance.

La Commission européenne a déjà fait savoir que ce chiffre était beaucoup trop bas. Elle ne comprend pas, en effet, comment un pays comme la France n´abrite que 700 installations concernées par la directive "quotas", contre 2.600 en Allemagne ou 1.500 au Royaume-Uni.

Il n'est décidément pas facile d'afficher une volonté de défendre l'environnement tout en répondant favorablement aux exigences du monde industriel et commercial dont le seul objectif est d'obtenir des gains de productivité aux meilleurs coût pour faire face à la concurrence féroce de l'industrie mondiale.

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